L'Hôtel Albert Ier sur papier calque



À la demande de certains membres de l’actuelle copropriété de l’Albert Ier qui souhaitaient travailler sur l’histoire du bâtiment, les plans de l’ancien hôtel ont été exhumés de l’énorme masse des archives Percilly-Brière pour être précisément inventoriés, dépoussiérés et reconditionnés. Lors de ses recherches menées pour la préparation du premier volume qu’il consacra aux palaces de Vichy, Jacques Cousseau avait déjà pu consulter ces importants dossiers mais le traitement de ces quelques 492 plans et autres notes et courriers avait dû être différé.





Aujourd’hui ce n’est pas moins de six ensembles, plans à plat ou dossiers, qui sont à la disposition du public. Si rien ne subsiste sur la construction initiale, le chercheur pourra suivre l’évolution des différentes transformations opérées ou seulement projetées, entre 1902 et 1946, par l’architecte Antoine Percilly (1858-1928) puis son gendre Gilbert Brière (1882-1961). Tous ces plans ont été commandités par François Mignot qui acquit l’hôtel en 1903. Ils permettent de suivre non seulement les agrandissements successifs mais également la modernisation des équipements et la mise au goût du jour de la décoration : transformation des façades, disposition d’un « ascenseur suspendu électrique », construction d’un grand hall sur le jardin, réaménagement de la réception et du bureau, décoration de chambre ou salle à manger, pose de treillages dans le jardin… 

Après agrandissement et surélévation, dans les années 30, l’hôtel n’affichait pas moins de 180 chambres. Dans le chapitre qu’il consacre à l’Albert Ier, Jacques Cousseau souligne aussi la notoriété de la table de cet hôtel, l’une des plus réputée de la région.




Fabienne

Voir les notices des dossiers dans le catalogue : 

Échappées belles à l’heure des vacances

Malgré tout… C’est l’heure des vacances, l’heure de se perdre entre les pages d’ouvrages inattendus, inclassables, loin des sentiers battus.



Les derniers du genre parvenus sur les rayons des fonds patrimoniaux sont l’œuvre d’un auteur vichyssois aussi discret que fécond décrit ainsi par Jean-Baptite Para dans la revue Europe (août-sept. 2006) : «  Joël Cornuault est un écrivain qui aime les proses vagabondes, les méditations itinérantes qui embrassent des parcelles du monde dans le cercle du regard et de la pensée. Il peut s’agir d’un paysage, d’un instant de vie, d’un souvenir, ou encore de l’évocation de l’œuvre d’un poète ou d’un peintre. Le mouvement même de son écriture rend sensible un mélange de détachement et d’implication dans la marche du monde, de retraite silencieuse et de vive sensibilité du corps et de l’esprit. »



Les trois élégants volumes, tout de blanc vêtus, édités par Isolato entre 2011 et 2015, ont été imprimés sur des presses typographiques qui laissent l’empreintes des caractères de plomb dans l’épaisseur d’un beau papier vélin. Les prendre en main est déjà tout un plaisir mais découvrir ce qui s’y trame… 

Dans Ce qui fait oiseau, toutes sortes de volatiles nous entraînent dans des balades géographiques, botaniques et littéraires les plus variées, des bois du Périgord à la vallée du Sichon, en passant par les rives du fleuve Hudson, prétextes à l’évocation d’André Breton, Walt Whitman, Clément Janequin ou encore Valery Larbaud et Roger Caillois. Au col de la Chapelle nous ramène dans le Paris (18e arrondissement) des années soixante, guidé par un enfant promeneur et rêveur qui nous prouve que les pentes de Montmartre recèlent tout autant de trésors pour qui sait les observer. Enfin, Liberté belle est une véritable ordonnance contre la morosité, une injonction à profiter de la vie : « Naturellement, n’importe qui, même le moins entraîné des flâneurs, a pu saisir  du coin de l’œil, à la dérobée, fortuitement, la beauté logée dans une tache de soleil, la surprise d’un oiseau, la vision d’une passante inconnue… ». Et pour cela, toutes les voies sont possibles : les rues de Passy comme les sentiers du Sancy, chemins où l’on croise Pissaro, Armstrong, Lao She et bien d’autres… Alors ne vous privez pas et suivez le guide !

Fabienne

Deux sources à l'affiche

Une récente vente aux enchères parisienne a permis l’acquisition de nouvelles affiches illustrées consacrées à des sources du bassin vichyssois.


La première, signée Géo Blott (1860-1934), est une publicité pour la Source Lagoutte découverte en 1890 à Saint-Yorre et autorisée un an plus tard, comme l’indique Pascal Chambriard dans Aux sources de Vichy. On y voit une belle rousse prélever l’eau à la source qui coule en cascade, devant le château de Busset placé en arrière-plan, tandis qu’une grande bouteille occupe le tout premier plan. Datée de 1898, elle dénote déjà d’une nette mais encore sage influence Art nouveau, notamment dans le traitement de la chevelure et de la robe de la naïade. 





La seconde concerne la Source du Château de la Motte située sur la commune de Cusset. L’illustrateur, resté anonyme a quant à lui choisi la bien plus sérieuse figure de Louis Pasteur pour vanter les mérites de cette source, découverte en 1900. Placé derrière un comptoir, au second plan, légion d’honneur à la boutonnière, le célèbre scientifique, pourtant mort en 1895, lève solennellement un verre. Son air sévère est compensé par une élégante ornementation Art nouveau qui enveloppe la bouteille d’eau minérale, elle aussi placée au premier plan. L’exemplaire acquis est une épreuve d’imprimerie dont les coloris ont été particulièrement bien préservés. 




Une troisième affiche, projet de publicité pour l’apéritif Vichy-Quina, a été acquise lors de la même vente. Il s’agit d’une gouache originale signée Lucien Flachot (1892-1984) qui est très probablement restée inédite.
Fabienne

Marguerite Bellanger à la une



On le sait, le sculpteur Albert Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) a laissé plusieurs traces de son passage dans le paysage vichyssois : les cariatides illustrant les quatre saisons sur la façade nord du casino ainsi que la Déesse des eaux qui se trouvait à l’origine sur la façade sud (aujourd’hui à l’extrémité du Parc des Sources, côté rue Source de l’Hôpital). Une photographie de cette dernière, issue d’un album de Dussol (1881) conservé aux Fonds patrimoniaux de Vichy, a d’ailleurs été reproduite dans le catalogue édité à l’occasion d’une exposition qui s’est tenue au Palais de Compiègne en 2014.








Divers témoignages rapportent que le sculpteur profita de son séjour à Vichy où il supervisait les travaux du casino, en 1864, pour sculpter le buste de Napoléon III, non sans difficulté car l’impérial modèle était insuffisamment disponible au goût de l’artiste. Ce buste en marbre, signé et daté « A. Carrier Vichy 1864 », exposé au Salon de 1865, est aujourd’hui conservé au Palais de Compiègne. Le catalogue de l’exposition nous apprend que Carrier-Belleuse exécuta également à Vichy un premier portrait de Marguerite Bellanger. C’est d’ailleurs un buste en terre cuite de la maîtresse de l’Empereur, sans doute réalisé vers 1866,  qui fait la une du catalogue.
























En revanche, nous avons perdu la trace des « médaillons de célébrités en terre-cuite fouillés par Carrier-Belleuse », évoqués par les frères Goncourt le 22 juillet 1867 dans leur journal, qui ornaient le jardin du chalet de la Compagnie (aujourd’hui Maison Décoret), rue du Parc…

Les photographies de l'Album de Dussol sont consultables en ligne à partir du catalogue de la médiathèque alors que le catalogue de l'exposition du Palais de Compiègne est consultable aux Fonds patrimoniaux.

Fabienne

Il y a exactement 103 ans, les crues faisaient déjà l’actualité…



Aussi impressionnantes et traumatisantes pour les populations touchées soient-elles, aggravées par le réchauffement climatique ou non, les crues ne sont pas un phénomène récent. Les fonds patrimoniaux en conservent de nombreux témoignages. 

Le 3 juin 1913, l’Allier inondait les installations sportives de la rive gauche et une exposition temporaire prévue à Bellerive pour la saison qui ne put finalement avoir lieu. Des cartes postales avaient alors témoigné de l’importance de la crue et des dégâts occasionnés. La presse locale s’en faisait également l’écho. Ainsi pouvait-on lire dans « La Semaine de Cusset-Vichy » le 7 juin 1913 : « Les prédictions météorologiques pour le mois de juin ne sont pas rassurantes. On nous annonce une succession de pluies, d’orages de tempêtes. Et il faut bien reconnaître que les débuts du mois ne semblent donner que trop de vraisemblance à ces fâcheuses prévisions. Nous avons actuellement, après une série de pluies torrentielles, une grande crue de l’Allier. Les eaux, au plus fort de la crue, sont montées à plus de trois mètres au-dessus de l’étiage, au pont de Vichy. […] L’Allier se précipitait avec ce bruit sinistre qui double l’horreur du spectacle. On l’entendait de loin comme un train en marche. […] Les dégâts, autour de Vichy, sont considérables. Tout le Parc nouveau [le Parc des Bourins], créé et entretenu avec tant de soins par la Compagnie fermière, a été raviné, l’aérodrome est sous l’eau. Sous l’eau également, le Champ de courses, l’Exposition qui, organisée pour la saison 1913, achevait ses derniers préparatifs, et le golf auquel les premiers buveurs de la colonie étrangère donnaient un commencement d’animation… » 

Jean Folcher. Crue de l'Allier, le 26 octobre 1943. Huile sur carton, 75 x 106 cm. (Musée municipal - réserve)

En 1943, c’est l’automne qui fut particulièrement pluvieux, alors que la crue de 1913 faisait encore référence pour la région. « Le Progrès de l’Allier » du 27 octobre 1943 titrait en première page de son édition vichyssoise : « La Loire et l’Allier, quittant leur lit ravagent les régions riveraines. Cette inondation, la plus importante depuis 1913 a causé des dégâts incalculables notamment à Vichy, Bellerive, Abrest et Saint-Yorre ». À cette occasion, un sportif émérite s’était distingué en effectuant des sauvetages particulièrement courageux : « Au loin, vers Hauterive, tout au sommet d’un toit, un homme fait des signaux. On lui répond et bientôt une barque se dirige, en louvoyant, vers lui. L’homme qui la monte, Jean Coutière, champion d’aviron, a couru les Régates internationales d’Amsterdam. Il connaît la rivière et affronte sa colère courageusement, savamment, allant franchement contre le courant pour approcher des maisons d’où les appels partent. Bientôt il revient, son embarcation chargée de quatre personnes qui grâce à lui retrouvent la terre ferme. Infatigable il repart quatre fois successives, il renouvelle la manœuvre. À chaque voyage la fatigue se lit sur son visage un peu plus pâle, il vient de sauver seize personnes. » 



Cette fameuse crue de 1943 a été immortalisée par les photographes de presse très présents à Vichy à cette période mais aussi par un peintre, Jean Folcher, dont, hélas – ironie de l’histoire - la peinture a depuis été inondée ! 


Pour en savoir plus sur Jean Coutière, qui avait été titré champion de France en 1939 et qui recevra la médaille d’argent du courage pour le sauvetage de 57 personnes au total, n’hésitez pas à consulter le riche album publié par le Club de l’Aviron de Vichy à l’occasion de son cent-vingtième anniversaire. 



Par ailleurs, un chapitre est consacré à ce sujet des crues dans le très beau livre publié récemment par le Conservatoire d’Espaces naturels de l’Allier sous la direction d’Estelle Cournez : Sur les traces de l’Allier. A consulter ou à emprunter à l’Espace patrimoine.

Fabienne


Les bibliothécaires lisent Valery Larbaud

C’est en 1922 que Valery Larbaud rencontre la gênoise Maria Nebbia. Compagne, amie, infirmière, cette belle italienne accompagnera l’auteur jusqu’à la fin de sa vie. Ce dernier, pourtant si discret sur sa vie privée, a écrit de magnifiques pages, dans son journal, sur sa compagne lors d’un séjour à Milan en 1935. 

 Installez vous dans un bon fauteuil, fermez les yeux et écoutez cette déclaration d’amour de Valery Larbaud, lue par notre collègue Romain Corre. 

 Savourez !


Les dessins originaux de Roger de La Boutresse désormais accessibles en ligne



La préparation d’une conférence donnée récemment à la Société d’Histoire et d’Archéologie de Vichy et des Environs a été l’occasion d’enrichir la galerie Flickr du patrimoine de la Médiathèque. Sébastien Hervier travaillait en effet depuis près d’un an sur l’histoire de Varennes-sur-Tèche, commune située entre Lapalisse, Jaligny et Le Donjon. Or cette commune compte parmi ses anciens maires l’historien Roger de La Boutresse (1860-1931) qui n’est autre que le co-auteur du fameux « Fiefs du Bourbonnais » publié entre 1896 et 1936 avec Genest-Émile Aubert de La Faige.




Château de Précord à Varennes-sur-Tèche - phot. S. Hervier



  
Le Château de Précord : dessin à la plume
par Roger de La Boutresse, vers 1890
Dans la préface de cet ouvrage, les auteurs en annoncent les visées : « En publiant les quelques notes que nous avons pu recueillir sur le passé des localités notables de nos environs, nous espérons intéresser ceux qui ont le culte des souvenirs, et aussi, sauver, au profit de plus érudits que nous, bien des documents, des vestiges et des traditions qui chaque jour, disparaissent, s’effritent et s’oublient. » Propos emprunts de modestie : les quelques notes forment en réalité deux copieux volumes. Le premier volume comporte en outre 220 gravures réalisées d’après les dessins à la plume de Roger de La Boutresse lui-même. Pour le second, préparé dès 1903, Roger de La Boutresse s’était adapté à l’évolution des techniques et avait semble-t-il réalisé de nombreuses photographies. Mais sa parution fut retardée par les maladies et décès des différents protagonistes, auteurs et éditeur, au point qu’il fallut se résoudre à une publication non illustrée. 

Montaiguet : dessin à la plume
par Roger de La Boutresse, vers 1890
Lors de ses séances de travail aux Fonds patrimoniaux, Sébastien Hervier a demandé à consulter les illustrations originales. Acquises chez un libraire vichyssois voilà plus de vingt ans, elles furent mises à sa disposition, occasion d’admirer le talent du dessinateur. Ressources iconographiques précieuses sur un patrimoine aujourd’hui parfois disparu, ces images témoins de leur temps sont également de véritables œuvres d’art dans lesquelles l’artiste a apporté grand soin au traitement des détails archéologiques, architecturaux mais aussi aux paysages et aux arbres.

Il fut donc décidé de faciliter l’accès à ces planches en procédant à leur numérisation puis à leur mise en ligne. Chacun de ces dessins a été décrit à l’unité dans le catalogue, avec une indexation qui permet une interrogation précise à la commune concernée. À noter que trois de ces illustrations sont finalement restées inédites. Parmi elles, « La chapelle de Melleray » aujourd’hui située sur la commune du Donjon, a pu être identifiée grâce à l’aide de Sébastien Hervier. Un grand merci à lui de nous avoir permis la mise en lumière de ce véritable artiste.


Chapelle de Melleray : dessin à la plume de Roger de La Boutresse, vers 1890 - inédit
 

L'ouvrage "Les Fiefs du Bourbonnais" est consultable sur Gallica :
Tome 1 : Lapalisse
Tome 2 : Moulins, rive droite de l'Allier

Mais aussi aux Fonds patrimoniaux en édition papier - voir les notices dans le catalogue de la Médiathèque :
Tome 1
Tome 2

Une véritable invitation à partir à la (re)découverte du patrimoine bourbonnais...

Pour en savoir plus, il faudra patienter jusqu'à la publication de l'article de Sébastien Hervier sur l'histoire de Varennes-sur-Tèche, dans le n° 167 du Bulletin de Société d'Histoire et d'Archéologie de Vichy et des Environs (fin 2016). Le Bulletin n°166 paraîtra mercredi 25 mai.

Fabienne