Les dessins originaux de Roger de La Boutresse désormais accessibles en ligne



La préparation d’une conférence donnée récemment à la Société d’Histoire et d’Archéologie de Vichy et des Environs a été l’occasion d’enrichir la galerie Flickr du patrimoine de la Médiathèque. Sébastien Hervier travaillait en effet depuis près d’un an sur l’histoire de Varennes-sur-Tèche, commune située entre Lapalisse, Jaligny et Le Donjon. Or cette commune compte parmi ses anciens maires l’historien Roger de La Boutresse (1860-1931) qui n’est autre que le co-auteur du fameux « Fiefs du Bourbonnais » publié entre 1896 et 1936 avec Genest-Émile Aubert de La Faige.




Château de Précord à Varennes-sur-Tèche - phot. S. Hervier



  
Le Château de Précord : dessin à la plume
par Roger de La Boutresse, vers 1890
Dans la préface de cet ouvrage, les auteurs en annoncent les visées : « En publiant les quelques notes que nous avons pu recueillir sur le passé des localités notables de nos environs, nous espérons intéresser ceux qui ont le culte des souvenirs, et aussi, sauver, au profit de plus érudits que nous, bien des documents, des vestiges et des traditions qui chaque jour, disparaissent, s’effritent et s’oublient. » Propos emprunts de modestie : les quelques notes forment en réalité deux copieux volumes. Le premier volume comporte en outre 220 gravures réalisées d’après les dessins à la plume de Roger de La Boutresse lui-même. Pour le second, préparé dès 1903, Roger de La Boutresse s’était adapté à l’évolution des techniques et avait semble-t-il réalisé de nombreuses photographies. Mais sa parution fut retardée par les maladies et décès des différents protagonistes, auteurs et éditeur, au point qu’il fallut se résoudre à une publication non illustrée. 

Montaiguet : dessin à la plume
par Roger de La Boutresse, vers 1890
Lors de ses séances de travail aux Fonds patrimoniaux, Sébastien Hervier a demandé à consulter les illustrations originales. Acquises chez un libraire vichyssois voilà plus de vingt ans, elles furent mises à sa disposition, occasion d’admirer le talent du dessinateur. Ressources iconographiques précieuses sur un patrimoine aujourd’hui parfois disparu, ces images témoins de leur temps sont également de véritables œuvres d’art dans lesquelles l’artiste a apporté grand soin au traitement des détails archéologiques, architecturaux mais aussi aux paysages et aux arbres.

Il fut donc décidé de faciliter l’accès à ces planches en procédant à leur numérisation puis à leur mise en ligne. Chacun de ces dessins a été décrit à l’unité dans le catalogue, avec une indexation qui permet une interrogation précise à la commune concernée. À noter que trois de ces illustrations sont finalement restées inédites. Parmi elles, « La chapelle de Melleray » aujourd’hui située sur la commune du Donjon, a pu être identifiée grâce à l’aide de Sébastien Hervier. Un grand merci à lui de nous avoir permis la mise en lumière de ce véritable artiste.


Chapelle de Melleray : dessin à la plume de Roger de La Boutresse, vers 1890 - inédit
 

L'ouvrage "Les Fiefs du Bourbonnais" est consultable sur Gallica :
Tome 1 : Lapalisse
Tome 2 : Moulins, rive droite de l'Allier

Mais aussi aux Fonds patrimoniaux en édition papier - voir les notices dans le catalogue de la Médiathèque :
Tome 1
Tome 2

Une véritable invitation à partir à la (re)découverte du patrimoine bourbonnais...

Pour en savoir plus, il faudra patienter jusqu'à la publication de l'article de Sébastien Hervier sur l'histoire de Varennes-sur-Tèche, dans le n° 167 du Bulletin de Société d'Histoire et d'Archéologie de Vichy et des Environs (fin 2016). Le Bulletin n°166 paraîtra mercredi 25 mai.

Fabienne

La photographie dans les collections de Valery Larbaud


Le fonds Valery Larbaud comprend plus de 2.000 photographies dont au moins 1.500 prises du vivant de l’auteur qui faisaient partie de la vente de la collection de l’écrivain à la Ville de Vichy en 1948.  Elles sont actuellement en cours de numérisation et de traitement informatique. Comme beaucoup, le vichyssois aimait s’entourer de clichés représentant ses proches, ses amis écrivains, mais aussi les lieux où il avait vécu. Dans ses collections, on trouve bien sûr des portraits exécutés par des photographes professionnels mais également de nombreux clichés amateurs, dont certains pris par l’auteur lui-même. Valery Larbaud avait visiblement une pratique régulière de la photographie, même s’il l'évoque assez peu dans son journal.


   Après l’invention de l’héliographie (1826) et du daguerréotype (1837), c’est en 1840 que William Henry Fox Talbot invente le calotype, procédé négatif-positif permettant la diffusion multiple des images. Il pose ainsi les bases de la photographie argentique. Par la suite, les professionnels travailleront sur l’amélioration des tirages. Pour ceux que l’histoire de la photographie intéresse, la médiathèque possède de nombreux livres sur le sujet. Vous pouvez consulter entre autres  La photographie en France : des origines à nos jours  de Claude Nori ou encore La photographie : l'époque moderne, 1880-1960  de Quentin Bajac.

   Mais jusque dans la première moitié du 19e siècle, les portraits sont encore grand format, et coûtent relativement cher. Ainsi, seules la noblesse et la grande bourgeoisie peuvent se payer ce luxe.
   Il faut attendre 1854 et l’invention de la photo-carte de visite ou portrait-carte de visite par Eugène Disdéri pour que la petite et moyenne bourgeoisie accède à la photographie. D’un format de 53 x 85 mm, le portrait est alors décroché du mur et s’échange entre membres de la famille ou entre connaissances. Dès lors, toutes les étapes de la vie sont consignées : naissance, communion, mariage, etc.

   On trouve de nombreuses photo-cartes dans les collections de Valery Larbaud, mais une seule est signée Eugène Disdéri.


   Cette photographie, prise en 1874, représente Léon Labbé (1832-1916). Ce chirurgien qui a aussi fait une carrière politique, était un ami de Nicolas Larbaud (1822-1889). Il a opéré et sauvé Valery Larbaud d’une hernie menaçant de dégénérer en péritonite, quand il avait 6 ans. On comprend que cette photographie ait été précieusement conservée.
   On reconnait, sur le dos de la photographie, l’écriture de Valery Larbaud indiquant qui est représenté et la date du cliché. Un certain nombre de photographies possèdent ce genre d’annotations : inutile de dire combien les bibliothécaires lui en sont reconnaissantes !

   De plus, Valery Larbaud a fait retirer un certain nombre de photographies sur support carte postale inscrivant les précieuses informations au dos. Voici, par exemple, sa mère Isabelle Larbaud (1843-1930) sur un cliché pris à Pau par L. Subercaze en 1879, année de son mariage avec Nicolas Larbaud.



   En voici une autre, représentant quelques années plus tard sa mère (à gauche) et sa tante Jane (à droite) à Valbois, propriété de la famille. Elles sont accompagnées de trois jeunes domestiques, mais aussi de nombreux chiens dont à gauche Valentin. Isabelle et Jane, sœurs jumelles, étaient pourtant de caractères très différents. Ecoutons Maria Nebbia, la compagne de Valery les décrire : « La tante douce, compatissante et affectueuse, haute en couleur comme vous dites, avec son parler du terroir où elle a toujours vécu. Sa mère assez autoritaire et plutôt froide. » Ne les ayant jamais rencontrées, elle tenait certainement cette information de son compagnon.



   Encore une des très nombreuses photographies représentant les chiens de la maisonnée. Isabelle, mais surtout Jane avait un amour immodéré pour ces adorables animaux. Ces derniers ont reçu, chez les photographes, le même traitement que leurs maîtres, comme en témoigne cette photographie de Mimi, décidément bien à l’aise sur son fauteuil.




   Une autre chienne, Lili a, elle aussi, eu les honneurs du photographe. Ce cliché est le premier que nous possédons de Valery Larbaud. Il a probablement été pris en 1882 et est signé Léon Lagny, installé à Vichy à partir de 1881. Cette fois, c’est Isabelle qui nous indique qui est sur la photo donnant ainsi le nom de l’enfant, du chien, ... mais pas celui de la nourrice !


   Le déclin des photos cartes et de la photographie professionnelle débute dans les années 1900 avec l’avènement de la photographie d’amateur induite par l’évolution technique et le lancement du Kodak. Bien sûr, cette pratique est encore réservée à une classe aisée qui a les moyens et le temps de se former. On s’aperçoit que Valery Larbaud est complètement dans l’air du temps avec cette nouvelle technologie. Lorsqu’il s’embarque pour un voyage en Italie en novembre 1900 avec son ami Jean-José Frappa, il va bien évidemment prendre quelques clichés de son périple. Parfois avec succès et parfois… moins !

   De nombreux autres voyages seront l’objet de photographies ramenées en souvenir. Larbaud aimait pratiquer ce que l’on nomme aujourd’hui le tourisme littéraire. Ainsi en mai 1934, il part en Angleterre, à Langar, lieu de naissance de l’un de ses auteurs préférés : Samuel Butler (1835-1902). Il achète des cartes postales dans une boutique où on le regarde avec étonnement, personne là-bas ne connaissant Butler. Mais il prend aussi beaucoup de clichés. Certains (les meilleurs) sont collés directement dans le journal qu’il est en train de rédiger, d’autres seront tirés plus tard en cartes postales et même encadrés.




   Dans la collection de Valery Larbaud, on retrouve aussi un grand nombre de portraits d’écrivains, amis ou simplement des auteurs qu’il admirait et dont il aimait s’entourer dans sa Thébaïde. Certains sont dédicacés et/ou encadrés. En voici une d’Henri Jean-Marie Levet, né à Montbrison en 1906 et mort trop jeune en 1911. Ce diplomate est l’auteur des poèmes que Valery Larbaud et son ami Léon-Paul Fargue feront publier en 1921 dans un recueil intitulé « Cartes postales ».


   A propos d’Henri Jean-Marie Levet, Valery Larbaud possède une bien étrange photographie qui a été source de nombreux étonnements.


   Curieuse n’est-ce pas ? Valery Larbaud nous en donne l’explication dans son journal de 1911 : «Fargue m’avait donné une photographie manquée, sur laquelle deux vues différentes se mêlaient. Levet debout au bord d’un trottoir, à Paris ; et Levet assis sur le plancher de la chambre de sa mère, la tête appuyée sur l’épaule de sa mère assise, et la regardant (la position dans laquelle il est mort). J’avais noté la ressemblance de la mère et du fils.»



   Valery Larbaud a expurgé de ses journaux tout ce qui était trop intime, avant de vendre ses collections à la ville de Vichy. Heureusement il a gardé des photographies de la femme de sa vie. Maria Nebbia, rencontrée en 1922 à Gênes, sera la première à ne pas menacer sa liberté. Elle sera sa compagne, son amie et même son infirmière jusqu’à la fin de sa vie.




 Et maintenant regardez bien ces photographies. La première représente Madame et Monsieur Marcel Ray avec Maria Nebbia, tandis que sur la seconde on peut voir Maria Nebbia, Madame Marcel Ray avec Valery Larbaud. Elles ont été prises en Albanie lors du dernier grand voyage du couple en 1935. Ils étaient partis voir Marcel Ray, alors ambassadeur à Tirana et grand ami de Larbaud.


   Voici deux autres tirages ayant reçu un traitement assez particulier. Eh oui, Maria Nebbia a disparu du cadre, emportée par des ciseaux bien aiguisés. Non, rassurez vous il ne s’agit pas d’une coupe sauvage de notre part, mais plus vraisemblablement de celle de Maria Nebbia. En effet, il existe d’autres clichés ayant reçu le même traitement. Peut-être n’aimait-elle pas se voir en photographie ?


   C’est au retour de ce voyage que Valery Larbaud est terrassé par un accident vasculaire cérébral qui provoque une hémiplégie et aphasie. Les années suivantes, Valery Larbaud partage son temps entre Vichy et Valbois.


   Valbois est le fief de la famille maternelle. Ce domaine sera toujours lié à l’enfance de Valery Larbaud lorsqu’il venait passer ses vacances auprès de Jane, sa tante. C’est également ici qu’adulte il viendra trouver le calme, la paix et l’éloignement. Il en avait fait son lieu de « retirance » : « Tout autour du château, c’est le jardin et ses roses, un kiosque vieillot, la charmille et le parc avec, d’un côté des marronniers et de l’autre les sapins. Enfin la prairie, le vallon planté de pins où serpente le ruisseau et les bois. »

   Enfin, pour conclure, voici l’un des derniers clichés de Valery Larbaud pris à la fin de sa vie. Bien entouré par Maria, Laeta, son infirmier, il s’est éteint en 1957.

   Au travers ces photographies, c’est toute la vie de Valery Larbaud que l’on découvre sous un angle nouveau. Il est bon de mettre des visages sur des noms rencontrés dans les journaux ou la correspondance de l’auteur. C’est aussi, en quelque sorte, une partie de la société intellectuelle européenne qui apparaît au fil des images. Il ne vous reste plus qu’à venir les découvrir aux Fonds Patrimoniaux.

Martine

Les Fonds patrimoniaux ont aussi leur (très modeste) « Cabinet des médailles » !






De récents dons sont venus enrichir la petite collection de médailles des Fonds patrimoniaux. Parmi elles, la médaille commémorative bien connue, dessinée par André Gervais en hommage au graveur vichyssois Paul Devaux (1894-1949). Celle-ci a été offerte par Alain Devaux, petit-fils du graveur, à l’occasion du 30e anniversaire de la Médiathèque. Sur une face figure le profil de Paul Devaux, tandis que sur l’autre, André Gervais a reproduit le bois gravé du « Vieux moulin ». Cette médaille avait été éditée par souscription à 500 exemplaires par la Monnaie de Paris, vers 1950. 

André Gervais, de son véritable nom Stéphane Amédée Pannetier (1891-1962), né à Commentry, fut comme Paul Devaux mobilisé et blessé pendant la Grande guerre. Devenu journaliste il milita pour la paix et devint le meilleur ami du graveur. Il a laissé plusieurs ouvrages souvent emprunts du traumatisme subi lors des combats. Il était aussi peintre et sculpteur. 





Un autre poilu vichyssois a su inspirer l’hommage de ses contemporains : il s’agit du célèbre aviateur Eugène Gilbert (1889-1918). Grâce à Gallica nous apprenons par le « Petit Parisien » en date du 17 novembre 1915 l’origine de cette « plaquette » (médaille rectangulaire) : « Les Originaires du Plateau Central, fiers à juste titre, des exploits aériens accomplis par leur jeune compatriote, le sous-lieutenant-aviateur Gilbert, avaient décidé, au mois d’août dernier, de lui offrir une plaquette rappelant les luttes périlleuses engagées par leur courageux camarade contre les vilains oiseaux boches. » 

Mais c’est seulement trois mois plus tard, à Zurich où il était retenu prisonnier, qu’ils purent lui remettre l’exemplaire qui lui était destiné : « D’un côté de la plaquette d’or massif, l’artiste, M. Rasumny, a évoqué la victoire du « Vengeur » de Gilbert sur un aviatik que l’on voit frappé à mort, tombant à travers les nues. C’est la reconstitution par l’image d’un des plus brillants exploits du jeune héros de l’air qui, sur neuf combats engagés contre les avions allemands, réussit à abattre quatre de ces derniers. Au revers, une inscription rappelle le nom des dirigeants de la fédération provinciale qui s’honore de compter parmi ses fils un des plus vaillants champions de l’arme nouvelle. » 

Félix Ramsuny (1869-1940), sculpteur, graveur-médailleur et bijoutier russe naturalisé français, était sociétaire des Artistes français et se fit notamment remarqué dans le courant Art nouveau. L’exemplaire offert aux Fonds patrimoniaux est issu de la collection de médailles du Dr Jacques Lacarin, ancien maire de Vichy, qui reste à inventorier. 

Voilà donc l’hommage à deux vichyssois célèbres dûment gravé dans le métal et inscrit dans les collections patrimoniales de la ville.

Fabienne

Nouvelle acquisition des Fonds Patrimoniaux



Une nouvelle correspondance a fait son entrée récemment dans le fonds Charles-Louis Philippe : il s’agit de dix-huit lettres envoyées à Suzanne Carassale par la famille Philippe, acquises lors de la vente aux enchères du 26 novembre 2015 chez Ader Nordmann à Paris.

 Qui est Suzanne Carassale ?

Nous aimerions bien le savoir ! Cette femme semble pourtant avoir eu des liens très privilégiés avec Charles-Louis et sa mère Jeanne. Charles-Louis et Suzanne devaient même être amis. En effet, l’écrivain lui envoie onze lettres entre 1904 et 1909 débutant par « Chère maman » et signant « votre fils ».  Il lui donne de ses nouvelles, annonce sa venue prochaine tout en cherchant à se faire pardonner, comme un petit enfant, de ne pas assez être présent auprès d’elle.

On perçoit parfois une certaine lassitude comme lorsque Charles-Louis Philippe lui reproche la scène qu’elle lui a faite chez le tailleur, ce jour de décembre 1904. Mais on reconnaît aussi son humour quand il lui écrit, par exemple, le 12 juillet 1904 qu’il va bientôt venir la voir à Bizy dans l’Eure : « Retenez-moi le premier étage du château de Bizy. Je pourrai de la fenêtre me mirer dans l’étang. » En fait, Suzanne Carassale loge à l’Hôtel de l’Ardèche à quelques kilomètres du château !


Jeanne, la mère de Charles-Louis semble également bien la connaître. Six lettres sont signées « Veuve Philippe ». Pourtant, une seule semble être de sa main, les autres étant rédigées par une tierce personne, dont une par Charles-Louis Philippe lui-même. On sent que les deux femmes sont assez proches et ont le souci commun de bien s’occuper de Charles-Louis. Jeanne la charge de lui donner des nouvelles de son fils. Il semble même que Madame Carassale doit lui fournir des détails que Charles-Louis répugne à lui communiquer. Une dernière lettre présente dans ce lot : celle de Francis Jourdain écrite à Suzanne en 1909.

Alors qui est cette Suzanne Carassale qui habitait rue Châteaudun à Paris ? Les chercheurs sont sur la brèche et nous aussi. N’hésitez pas à nous contacter si vous savez quelque chose !

Tous nos remerciements à David Roe, secrétaire général de l'Association "Les Amis de Charles-Louis Philippe", pour son précieux concours.



Martine

Le Fonds Etat-Français pour les plus jeunes

Non, le Fonds Etat-Français n’est pas fait que pour les grands ! Les plus jeunes aussi peuvent y trouver leur compte. En effet, la seconde guerre mondiale nous concernant tous, les éditions jeunesse ont trouvé leur place sur les rayons des Fonds Patrimoniaux. Encyclopédies, romans, biographies, témoignages : autant de documents éducatifs et faciles à lire.

Florilège !

Commençons par les éditions Oskar Jeunesse qui abordent régulièrement cette période pour un public à partir de 12 ans. En format poche, la collection « Histoire et société » nous propose un récit suivi d’un dossier illustré avec des photographies permettant d’aller plus loin dans ses connaissances.


Venez découvrir les biographies de Jean Moulin, héros de la Résistance  ou Germaine Tillion, ethnologue déportée à Ravensbrück. Dans un récit poignant recueilli par Philippe Barbeau Le dernier été des enfants à l'étoile : 1942, une rescapée se souvient, Annette Krajcer vous apprendra dans quelles conditions elle a été victime de la rafle du Vel’ d’Hiv avant d’être sauvée. De même, Alain Lochac’h vous fera partager l'aventure de Mathieu, élève-pilote de l’aviation française qui choisit, à 20 ans, de rejoindre l’Angleterre dans  Les ailes de la liberté.


Continuons avec les Editions Gallimard jeunesse qui ne sont pas en reste. En témoigne le superbe  Journal d’un lycéen sous l’occupation : ce livre appartient à Victor Rivière de Jean-Michel Dequeker-Fergondans, dans lequel un adolescent de 15 ans relate sa vie sous l'Occupation, exprimant ses doutes et ses peurs. En regard de son journal, des pages documentaires éclairent les différentes phases de la guerre, avec des reproductions de documents d'époque : l'Appel du 18 juin, des tickets de rationnement, un tract de la Résistance…





Mais les professeurs ne sont pas oubliés.  Sont  régulièrement achetées des encyclopédies utiles à l’enseignement. Ainsi, le très complet  La seconde guerre mondiale : les faits, les lieux, les hommes  par Isabelle Bournier, publié en partenariat avec le Mémorial de Caen. Cet ouvrage explique les causes politiques, économiques, idéologiques de ces années terribles. Par sa richesse iconographique, il en montre les différents visages sur tous les continents et analyse les conséquences en soulignant à quel point le monde qui est le nôtre a été façonné durant ces années de fer et de sang.




Canopé, éditeur dépendant du Ministère de l'Éducation nationale,  a conçu quant à lui un numéro très intéressant dans sa série  « Textes et documents pour la classe » : Le régime de Vichy.  Ce document fait la synthèse sur le gouvernement de l’Etat-Français mené par le Maréchal Pétain, les persécutions antisémites, la collaboration…



Elèves, enseignants, n’hésitez pas à venir feuilleter ces ouvrages. D’autres vous attendent. En complément de documents originaux, ils permettent également aux bibliothécaires de proposer des ateliers « découverte » sur cette période en collaboration avec les professeurs.

Martine


Un Hammam à Vichy




Affiche publicitaire, vers 1890


Pour ceux qui n’ont pu assister au dernier Atelier patrimoine, 
l’histoire du Hammam vaporifère en bref.


À l’origine du Hammam, un instituteur 

Buste d'Armand Perrin
au cimetière de Vichy
(phot. F. Gelin)

Armand Perrin est né en 1835 dans la Creuse. Il fait ses études à l’école normale d’instituteurs de Guéret et est nommé au collège de Montluçon, puis à celui de Cusset, de 1861 à 1871. Il y était visiblement très apprécié puisqu’à l’annonce de son départ, certains de ses anciens élèves firent paraître une lettre ouverte dans « La Semaine de Cusset et de Vichy » du 23 septembre 1871. À cette date, le conseil municipal de Vichy fit en effet appel à lui pour assurer la création de son école laïque. Cette école, baptisée École Carnot, fut d’abord ouverte boulevard de Russie, dans les anciennes écuries impériales, puis déménagée (en 1888) sur l’actuelle place de la mairie (école Sévigné-Lafaye actuelle). Fervent républicain, il fut ensuite élu conseiller municipal jusqu’à son décès.

Le Théâtre des Variétés 


En 1881, Armand Perrin rachète un ancien théâtre situé 3 rue Burnol, alors passage du Parc, à Jean Pouillien. Ce théâtre est le deuxième construit à Vichy, un an après le casino. Il est inauguré le 5 août 1866 : « Le théâtre Pouillien est une fort jolie salle toute fraîche et pleine de coquetterie qui s’est construite dans le passage du Parc. En y entrant, on est saisi par la fraîcheur de la décoration et d’une ornementation de bon goût. Il y a deux matins qu’elle est terminée ; terminée, je me trompe : la galerie est destinée à recevoir des loges qui sont à faire encore, et on a dû improviser beaucoup de choses pour arriver à ouvrir le théâtre dimanche dernier […] Mais le théâtre Pouillien n’a point la prétention d’être comparé au Casino, j’en suis sûr. Il est tout mignon, et pour le bâtir il n’a point fallu abattre de grands arbres, faire appel à de grands architectes et commettre de grandes erreurs. M. Batilliat a fait le plan, M. Plantade a peint les décors, et si le grand rideau est de lui, je lui en fais mon compliment. » (La Semaine de Cusset-Vichy, 11 août 1866). Si les premières saisons paraissent avoir connu un certain succès, l’exploitation en fut plus chaotique les années suivantes et il changea souvent de direction. 

  

Ouverture du hammam, le 11 juillet 1881 


Façade sur la rue Burnol, extrait du guide édité vers 1895
Armand Perrin ouvre un établissement qui se veut complémentaire des soins thermaux, équipé des appareils vaporifères du Dr Lefebvre. Dès 1861, ce dernier avait mis au point des appareils de sudation qu’il présenta régulièrement à l’Académie de médecine. Ils étaient surtout utilisés dans les hôpitaux militaires. Les soins consistent en bains turcs et russes, bains de vapeur, bains électriques, inhalations, pulvérisations, massages… Il s’agit donc de soins complémentaires à la cure mais qui n’utilisent pas d’eau thermale. Antoinin Mallat (Histoire des eaux minérales de Vichy par Antonin Mallat, 1909. Livre 3, p. 574-577) détaille la répartition des salles : au sous-sol : bains turcs et bains russes, salle de douches-massages, déshabilloirs et grand salon de repos, ainsi que la salle des machines ; au rez-de-chaussée, inhalations d’oxygène, bains sulfureux, bains médicamenteux, bains d’air chaud en caisse, salle de gymnastique médicale, pastillerie et surtout un salon d’attente de 100 m2 et 12 m de haut, avec jet d’eau et plantes vivaces.

Piscine, extrait du guide édité vers 1895
Cet établissement, idéalement situé et des mieux équipés, rencontre immédiatement le succès. Il est agrandi durant l’hiver 1887-88, avec l’adjonction (à l’est) du n°5 de la rue Burnol. Au sous-sol est aménagée une piscine de 150 m2, alimentée à l’eau courante par une chute d’eau se brisant en cascade sur un rocher, alors qu’autour sont disposés cabines, chauffe-linge et buffet. 



Les sources d’Hauterive


Carte postale publicitaire, vers 1910
En 1893, Armand Perrin décide de forer des sources à Hauterive. Il s’adresse alors à l’architecte Antoine Percilly (1858-1928) pour l’aménagement d’un parc et la construction de plusieurs bâtiments sur ses terrains. L’architecte livre ses premiers projets en avril 1893 mais le commanditaire meurt en mai, laissant la direction de l’entreprise à sa veuve Anaïs Roux (1849-1920). L’année suivante, elle fait reconnaître officiellement la Source du Hammam n°1 qui deviendra source des As en 1922, puis la source du Hammam n°2 qui prendra le nom de Source des Eaux-Vives, toutes deux mises en valeur dans un parc à l’anglaise : « Les sources du Hammam jaillissent au milieu d’un vaste et magnifique parc situé à deux pas de la ville de Vichy, dans un des beaux sites de la région. Les constructions mauresques des bâtiments d’exploitation et des sources sont une véritable curiosité que tous les buveurs d’eau de passage à Vichy seront intéressés et satisfaits de visiter. C’est d’ailleurs une des plus charmantes promenades que l’on puisse faire soit à pied (20 minutes de marche), soit en voiture ou en bateau. » (Vichy : le Hammam, grand établissement thermo-médical, ca 1895). Les plans de Percilly prévoient une villa, un bâtiment pour l’embouteillage et l’emballage, un abri de source, une écurie remise et divers kiosques qui ponctuent le parc composé de pelouses, plates bandes fleuries, haies arbustives et potager, délimités par des allées sinueuses. Finalement, la villa ne semble pas avoir été édifiée et l'habitation fut aménagée en lieu et place de l'écurie-remise.


A. Percilly. Plan de la propriété de Mme Perrin à Hauterive :
détail - (Archives Percilly-Brière)
Ces nouvelles sources permettent à Anaïs Perrin d’enrichir l’offre de soins du Hammam de la rue Burnol avec des soins thermaux (douches et bains) qu’elle officialise en déclarant en mairie le titre de : « Hammam de Vichy Grand Établissement thermo-médical ». L’eau des sources d’Hauterive est transportée en bouteilles ou bonbonnes et stockée dans un bassin aménagé dans les combles de l’établissement. Nonobstant, si l’on en croit les annuaires de la ville, ce hammam ferma ses portes en 1925. Dans les années 1970, un cinéma s’installa à l’emplacement de l’ancien théâtre (il a fermé à son tour en 2004), tandis qu’une agence bancaire prenait place au n°7.


Carte postale, vers 1925
Du côté d’Hauterive, le chalet d'habitation a été rasé entre 1920 et 1925, au moment de la construction de la voie ferrée reliant Vichy à Clermont-Ferrand. La propriété a été rachetée en 1922 par la Société centrale puis en 1937 par la Société commerciale d’eaux minérales du bassin de Vichy mais l’exploitation des sources a été stoppée en 1942. Pendant la guerre, l’embouteillage abrita l’imprimerie nationale de la gendarmerie. Le 13 août 1944, deux résistants, Célestin Chino qui habitait sur place et Antoine Fullin, ont été fusillés dans le parc par la Gestapo, après avoir été contraints de creuser leur propre tombe. (voir l’enquête de Célestin dans « La Montagne », 16 juin 2013). Le bâtiment d’embouteillage qui tombait en ruine fut rasé en 1977.

Un monument à la gloire d’Armand Perrin au cimetière de Vichy


A. Fanzoni. Monument funéraire de
la famille Perrin (phot. F. Gelin)
À la mort d’Armand Perrin, Antoine Percilly dessina plusieurs projets de chapelle funéraire mais le tombeau prendra finalement la forme d’un monument à la gloire du « Fondateur de l’école Carnot et de l’établissement médical le Hammam de Vichy », probablement érigé à l’instigation d’un comité d’admirateurs. Un ange et une pleureuse encadrent le buste du défunt. L’ensemble est signé : « Fanzoni - Carrare », peut-être André Fanzoni, auteur d’une vierge à l’enfant en marbre de Carrare qui orne une chapelle latérale de l’église Notre-Dame des Tables à Montpellier… Fanzoni est le nom d’une véritable dynastie de sculpteurs carraresi. 





Bibliographie : 

 - Le Hammam : grand établissement thermo-médical fondé sur des bases scientifiques... ses eaux minérales naturelles gazeuzes, bi-carbonnatées, ferrugineuses lithinées, arseniées, phosphatées, etc. et ses différentes autres ressources médicales : monographie suivie d'un guide pour les étrangers.-- Issoudun : Impr. A. Gaignault, [ca 1895]. 

- Notice sur Armand Perrin dans Les Bourbonnais célèbres et remarquables : arrondissement de Vichy par Maurice Sarazin, 2009